Pendant longtemps j’ai été un bon à rien. Je n’en faisais qu’à ma tête pour faire enrager mon paternel, envoyant donc en l’air tous ses discours portant sur mes responsabilités. Cette forte tête, dont j’ai hérité, me provient directement de lui ce dont je suis particulièrement fier. Pas car je l’admire, bien au contraire, mais car j’aime incarner l’exemple vivant de l’idée selon laquelle notre pire ennemi n’est nul autre que nous-même. Je l’ai toujours détesté lui qui, dès ma plus tendre enfance, avait pour unique préoccupation de faire marcher son entreprise. Je me qualifierai donc de mesquin, rancunier, mais également de joueur lorsque je gagne la partie. Je ne me plie aux volontés d’autrui qu’en cas de coup dur, ou si je juge cela comme nécessaire et approprié.

Derrière cette personnalité très épineuse, il me faut avouer que je ne suis pas exempt de failles. Beaucoup me semblent dues à la nature plus « humaine » de ma mère qui, malgré sa passion pour la destruction, m’a toujours traité telle la huitième merveille du monde. Je pense bien entendu à l’affection et à la passion. Depuis peu, je tente de repousser ces faiblesses qui ne provoquent rien d’autre qu’une peine pitoyable à la moindre déception.

Tout de même, je peux aussi me montrer très persuasif en usant de mon charme en compagnie de ceux qui y sont réceptifs. Je n’hésite d’ailleurs pas à accentuer mon accent étranger pour le renforcer. Ma forte obstination fait que je ne me décourage jamais tant que mon but n’est pas atteint, quitte à utiliser une bonne dose de courage pour y parvenir. Je n’hésite pas non plus à me montrer sarcastique et parfois un peu snob. Détestant l’autorité, je ne suis pas prêt de m’agenouiller face à la Source bien que je la respecte.

Je n’ai jamais eu beaucoup de mal à attirer l’attention des individus. Bien que je ne sois probablement pas le plus bel homme sur Terre, je pense que je ne suis pas le plus mal loti. Du haut de mon mètre soixante-dix-huit, j’arbore une silhouette musclée que j’entretiens régulièrement par le biais de différents sports tels que la musculation et le jogging. Mes cheveux sont aussi clairs que ceux de celle qui m’a donné la vie, et j’ai hérité des yeux bleus de mon paternel. Niveau vestimentaire, je sais parfaitement me mettre en valeur, bien que j’affectionne le style un peu plus négligé des mauvais jours en particulier lors des réunions professionnelles auxquels j’ai eu le malheur d’assister.

Je suis né dans un village assez reculé d’Angleterre durant la période hivernale, il y a de cela vingt-cinq longues années. L’histoire de ma famille est longue et pénible, ainsi je passe à l’essentiel. Ma mère est une sorcière empathique qui s’est tournée vers le Mal dès l’obtention de ses dons. Il faut dire que son côté de la famille n’a jamais eu bonne réputation. Certains de ses ancêtres lointains font partis de ceux qui ont péris sur le bûcher durant la célèbre période de la chasse aux sorcières. Mon père descend d’une longue lignée d’êtres démoniaques. Au fil des siècles, ces derniers sont parvenus à construire un véritable empire dont mon père détient les rennes aujourd’hui quant à la division américaine. Cette institution possède de nombreuses fonctions. Une d’entre elles consiste à former ceux de notre race, tandis qu’une autre branche, par exemple, vise à réaliser des contrats de toutes sortes. Inutile donc de vous préciser que je proviens d’un milieu des plus aisés et que je n’ai jamais eu besoin de faire la manche.

Je n’avais que deux ans lorsque nous avons quitté notre pays natal pour nous diriger vers New York. Le but de la manœuvre était d’étendre notre compagnie aux États-Unis pour lui faire prendre encore davantage d’ampleur et d’influence. Très rapidement, on m’a enseigné les bases et même davantage pour que je puisse, un jour, être le digne successeur de mon père. Parallèlement, j’ai été envoyé dans une école primaire normale pour pouvoir, ainsi, m’imbiber de cette population qui nous était inconnue. Ainsi, non seulement je bénéficiais d’un apprentissage nécessaire à tous, mais je pouvais aussi développer des techniques de manipulation et repérer de potentiels êtres magiques. Bien entendu, mes parents n’avaient pas songés un seul instant que leur influence néfaste ne serait pas suffisante pour que leur fils ne se retrouve pas submergé par sa part innée d’humanité. Le libre arbitre triomphant sur l’influence familiale. Ce n’est pas toujours le fait le plus courant ! Bref, ce fut durant ces premières années que je fis la connaissance d’Alec Harrington. Il a d’ailleurs joué un rôle clé dans ma dérive vers la neutralité. Si vous voulez savoir, je l’ai sauvé d’un sacré pétrin. Alors que je sortais de l’école, j’ai surpris un voyou du quartier qui s’acharnait sur lui, lui volant livre et argent. Pris d’un élan de compassion, je suis alors intervenu pour mettre fin à cette altercation. Nous sommes alors devenus de sacrés bons amis. Les meilleurs. Notre légère différence d’âge n’a jamais interférée dans notre relation pour être honnête.

Durant cette petite vingtaine d’années, nous avons appris à nous confesser l’un à l’autre et à affronter les épreuves du quotidien ensemble. Bien entendu, je ne lui ai jamais avoué ma véritable nature. Alors que j’aspirais, au grand dam de mes parents, à une vie normale, je ne pouvais courir le risque de me mettre à dos la personne dont j’étais le plus proche. Même si je n’avais jamais commis de crime, mes racines n’avaient rien de bien vendeur. « Larry » (son deuxième prénom) était pour moi l’incarnation du bon garçon. Terre à terre, généreux… Quelle serait sa réaction en apprenant que son camarade était destiné à commettre des atrocités ? De plus, pouvais-je briser son innocence en lui révélant l’existence d’un monde bien au-delà de son imagination ? Je craignais que cela ne le mette en danger. Les humains ne sont jamais censés être au courant de l’existence de la magie, principe que l’on m’a très souvent rabâché.

Mon refus de suivre la voie que l’on m’avait depuis toujours attribuée ne fit que de se renforcer avec les ans. Je finis même par renoncer à mes études pour enchaîner des petits boulots « indignes de moi » pour citer mon très cher père. Comble de la honte, je décidais même de me mettre en colocation avec Alec alors que ce dernier entamait sa troisième année de licence. S’ensuivit alors une année des plus incroyables pour moi tandis que ma famille regrettait amèrement que je sois fils unique. Autrement, ils m’auraient déshérité ça ne fait pas de doute. Vivre avec mon meilleur ami fut quelque chose d’incroyable. Nous enchaînions les soirées et les délires, bien que ce dernier accordait énormément d’importance au fait de réussir sa licence de lettres. Bien entendu, nous ne cessions de nous entre-aider lorsque le besoin s’en faisait ressentir. Je prenais même un certain plaisir à relire ses dissertations pour l’aider à les peaufiner, pour corriger d’éventuelles formulations qui ne me paraissaient pas optimales, et ainsi de suite.

Ce fut le jour où « Larry » obtenu sa licence que tout bascula pour le pire. Pour commencer, un événement étrange s’est déroulé. Je ne m’étais jamais vraiment intéressé à la question de la romance jusqu’ici. Je n’avais eu qu’une poignée d’histoires sans lendemain, juste pour m’amuser. En général, cela se déroulait tandis que j’étais en état d’ébriété. Pourtant, alors que je le taquinais comme à mon habitude depuis tant d’années, le traitant de manière immature d’ « intello » et autres adjectifs dans ce ton-là, je fis quelque chose dont je fus le premier étonné. Je me surpris à venir lui déposer un baiser sur les lèvres. Cela n’avait rien à voir avec ses échanges puant l’alcool à plein nez et à la limite du bestial. Non, celui-ci fut particulièrement tendre. Réalisant mon acte, je me suis empressé de faire marche arrière et de m’excuser de mille et une façon. Malheureusement, nous n’avons jamais eu l’occasion d’y revenir car Alec devait rejoindre ses parents pour fêter sa réussite. Célébration qui se révéla être fatale. Lui et ses parents perdirent la vie.

J’entamais alors une véritable chute aux Enfers. Littéralement. Alors que l’illusion selon laquelle je pouvais encore mener une vie normale malgré mes origines disparaissait à jamais, je pris une décision qui en extasia plus d’un : je rejoignis enfin l’entreprise familiale. Après une longue phase de dépression, je me laissais aller à la noirceur qui m’avait toujours habitué. Mes efforts indénombrables pour la repousser ne comptaient plus. S’en était tout simplement terminé du bon garçon. S’ensuivit alors de nombreuses épreuves durant lesquelles je dû faire mes preuves. Mais plus rien ne m’importait vraiment. La phase la plus difficile fut celle où il me fallut tuer un être humain. Mais la pression et la promesse de délivrance susurrée par mes parents eurent raison de mes derniers scrupules. Quelques mois défilèrent ainsi, tandis que je m’enfonçais un peu plus chaque jour dans la noirceur.

Tandis que je retrouvais le moral petit à petit, je me pliais aux anciennes habitudes. Écoutant aux portes, j’appris que mon père avait programmé l’assassinat de la famille Harrington. De rage, j’entrepris de rentrer dans son bureau et manqua de peu de l’anéantir une bonne fois pour toute. Retenu par ma mère, je décidais alors d’opter pour une approche différente. Les humilier tous en choisissant de travailler pour une famille que j’estimais désormais beaucoup plus méritante que la mienne, à savoir celle des Nightstar dont on ne refaisait plus la réputation. Je quittais alors la grosse pomme pour rejoindre San Francisco. J’étais alors loin d’imaginer toutes les surprises qui m’y attendaient.

Engagé par la matriarche, celle-ci m’a donné pour mission de surveiller les faits et gestes de sa fille, Daena, dont elle n’approuve pas la relation avec un dénommé Xarius. Parvenir à les séparer est, pour ainsi dire, le but ultime de ma fonction.

Pour anecdote, bien que je me faisais autrefois appeler « Arthur Colt », je suis désormais nommé « Lasher » qui est un surnom d’origine écossaise.

1. Projection psychique : pouvoir mental assez rare qui permet de concentrer les ondes de son cerveau afin de les projeter en une forme de vague psionique.
2. Projection mentale : pouvoir permettant de projeter ce que l'on souhaite grâce à son esprit.
3. Pyrokinésie : pouvoir permettant d'enflammer une cible par la pensée.
4. Ubiquité combustive : pouvoir alliant les deux types de magie. Capacité de créer une silhouette enflammée qui lui ressemble et qui partage ses caractéristiques mentales (réflexion, intelligence…) et ses dons. Ainsi, ce pouvoir lui permet d’augmenter les dégâts infligés par deux ou de réaliser deux attaques différentes en simultanée.